Naufrage au cœur d’une oasis anonyme.

Tout au nord de la métropole Lilloise, collée à la frontière Belge et partagée entre les communes française Wervicq-sud et Bousbecque, se trouve une petite île au milieu de la Lys qui a attiré notre attention. D’environ 800 mètres de longueur pour une largeur maximal de 60 mètres, sa superficie est de 45km2. Pour accéder au lieu, il faut emprunter un pont qui relie Wervicq-sud en France à Wervik en Belgique, puis longer le quai de l’agglomération jusqu’à atteindre un ponton, cette fois-ci à peine visible, qui nous ramène sans même le mentionner en France, à Wervicq-sud. 500 mètres plus à l’est de l’île se trouve alors un secteur du lieu appartenant conséquemment à la commune française de Bousbecque.

Cette île en retrait ne possédant ni nom ni usage réunit de nombreuses caractéristiques constituantes d’un cold spot. Premièrement, il est difficile de savoir qui est responsable de sa maintenance, bien qu’il y ai entre autre une plantation de noyer qui devrait avoir un propriétaire. De plus, hormis quelques promeneurs avides de calme et de nature, nous avons constaté que le terrain est peu fréquenté. Pour finir, les seuls infrastructures présentes sont un chemin en béton laissé à l’abandon et des aménagements au bout de l’île empêchant son affaissement, mais aucun projet d’urbanisation ou d’aménagement n’a été engagé concernant l’avenir du lieu.

L’île se présente sous plusieurs angles comme un lieu ambivalent. Pour commencer, sa situation géographique est paradoxale, alors qu’elle appartient à la France il faut passer par la Belgique pour l’atteindre (à moins de s’y rendre par voie fluviale). Ainsi les visiteurs s’y aventurant ignorent de quel côté de la frontière ils se trouvent. En outre, même si le terrain se présente comme un espace naturel, composé d’une grande variété de faune et de flore, c’est en réalité une île artificielle, qui doit sa création à la construction d’un canal ayant pour but d’irriguer les champs voisins. On note aussi, que malgré quelques infrastructures humaines l’entretient du domaine reste succin. D’autre part, malgré sa richesse végétale, peu d’animaux sauvages (hormis les insectes et les oiseaux) habitent le lieu. Un phénomène récurant dû à la monoculture, dont la forêt de noyer est un exemple. D’autre part la définition du lieu est altérée par la présence de nombreuses plantes dont l’origines est étrangère au milieu dans lequel elles ont été implantées. Enfin, d’un point de vue plus subjectif, sur cette île silencieuse et peu peuplée règne une ambiance étrange. Comme en dehors du temps et des espaces, chacun d’entre nous s’est senti tel un naufragé sur une île inconnue.

C’est donc par le prisme de l’ambiguïté que nous avons décidé d’orienter nos recherches. Nous analyserons le cold spot sous trois différents points de vue : d’abord nous étudierons son histoire et de sa situation actuelle, nous relèverons ensuite l’écosystème dont il est constitué, et enfin nous retracerons les flux qui l’entourent.