L’ille

Nos deux séjours sur notre chère île, entourée par les terres françaises et belges, aura permis la découverte de son histoire, sa constitution biologique, et les mouvement environnant que nous nous faisons une joie de vous raconter. Cette étude regorge de légendes, d’anecdotes, de relevés assimilés au terme bigarré de frontière, mouvante au fil de l’eau et du temps.

L’ille et son Histoire

Apprendre l’histoire d’un lieu permet de mieux le comprendre. Quelles origines culturelles, et quels événements importants ont pu modifier son paysage par exemple ?

L’île partagée entre les villes françaises de Bousbecque et Wervicq-sud et reliée à Wervik en Belgique, est très jeune. Le site naturel situé entre l’ancien et le nouveau bras de la Lys, est né du redressement de la rivière il y a 30 ans. La Lys est ainsi navigable aux péniches de plus fort tonnage. Un champ de randonné sur les quais, fut quant à lui inauguré il y a  à peine deux ans. Les communes ont décidé de le nommer « Plaisir et découverte le long de la frontière franco-belge ». Le nouveau pont-frontière, qui relie à nouveau Wervicq-sud et sa sœur jumelle belge de Wervik, a accueilli au printemps 2018 les festivités des 2 050 ans des deux communes. De son sommet, on devine au milieu de la Lys, l’îlot Balokken d’un côté et l’îlot « sans nom » de l’autre, que nous avons découvert.

Le découpage des frontières, entres les villes et les pays entourant l’île ont dût être définies au fur et à mesure de l’histoire de la vallée de la Lys.

Wervicq-Sud était plus importante jadis en comparaison à Bousbecque.
Elle ne formait qu’une seule et grande ville avec l’actuelle Wervik coté belges, avant d’être divisée par la frontière. Le célèbre chroniqueur du Moyen Âge, Froissart, la décrivait comme une « grosse ville pleine de draps, de pennes, d’argent, d’or« .  La lys n’était d’ailleurs pas une frontière, mais un lieu de passage pour les marchands et envahisseurs des autres mondes.
Si on se penche sur les tradition de ces lieux, on retrouve certains traits de la culture Espagnole avec les géant de la vallée de la lys, de la culture Hollandaise avec la Tulipe, ou encore  de la culture Turque ou Allemande. Bousbecque qui détient une partie de l’île par exemple et dont le nom Flamand «Boshebeke » signifie le ruisseau du bois. On y cultivait déjà le lin qu’on travaillait en étoffes, draperies et autres toile qui obtiendront une renommée nationale en 1878 grâce à la récompense obtenue lors de l’exposition universelle cette année-là. L’un de ses seigneurs, Augier de Busbecq fut un personnage important, notamment à l’origine de l’importation de plantes. Cet homme passionné des fleurs et des beaux livres a embellis les parterres des palais et des châteaux de son temps par l’envoi de tulipes variées à Fuchs. Ambassadeur de Soliman le magnifique à Constantinople en 1562. C’est ainsi qu’il importa le lilas, les tulipes de Turquie, et les Marroniers d’Indes. Le nom du cours d’eau enveloppant de ses bras notre île est également celui d’une fleur : la Lys. Le long de cette rivière, la plus importante des Flandres après l’Escaut, poussaient abondamment les Lys des marais (étant en vérité des iris jaunes). La fleur de lys, sigle royal largement utilisé par la suite, est notamment un ancien symbole des Francs Saliens originaires de Flandres.

Un bac traversait la Lys avant la création du pont.

L’ille et les Flux

L’eau  a toujours tenu une place très importante dans la vie de Lille, on l’a canalisée, on  l’a aussi déviée de son lit. Il faut savoir que Lille en l’an mille, était véritablement une île.
Il y a une vraie relation à l’eau au sein de la métropole. Les bateaux passaient par la vallée de la lys pour rejoindre la ville de Lille, ce qui a permis le développement de  son secteur marchand comme en tissus et draperies.   À ses alentours, le canal de Deûle et la Lys permettent de rejoindre la grande Bretagne, les villes de Gand, Anvers, Rotterdam par l’Escaut, ou encore Charleroi, Namur, Liège et Bruxelles.  La plupart des bateaux peuvent amarrer non loin de notre île sur les quais de Deûlemont ou Menin-Halluin. Cela permet une véritable ouverture sur le reste de l’Europe. Pour développer ses activités fluvestres, l’association Lys sans Frontières tente de développer le tourisme et le commerce par cette voie.

Mais le problème majeur des cours d’eau du Nord, ce sont leur pollution. Pour cause, les rejets industriels antérieurs, comme la manufacture du Lin et du papier. Le débit d’eau est trop faible pour permettre l’assainissement efficace de la Lys .

L’ille, sa faune et flore

La fleur de Lys qui était évoquée dans nos petites anecdotes historiques, ne s’est pas trouvée présente sur le bord de notre île mystérieuse. On pouvait cependant y trouver l’iris fétide (qui n’est pas exactement l’iris d’origine, celle ci étant l’iris jaune des marais).

Notre balade sur cet écrin de nature nous a permis de récolter d’autres espèces comme le fameux marronnier qu’importa aussi Ghislain de Busbecq.  Des rosiers des chiens, utilisés principalement comme ornement horticole, sont aussi utilisés dans la parfumerie, en décoction, tisanes ou en confiture et gelés. On s’en sert également pour soigner, puisque son fruit riche en vitamine C. On trouve par ailleurs la carotte sauvage, la houlque laineuse (fréquente dans les prairies naturelles acides, résistante à l’arsenic présente dans les résidus de l’industrie ou de munitions de guerre ou dans les pesticides) ou la grande bardane. En étudiant encore de nombreuses variétés de plante sur ces lieux, il est facile de s’apercevoir qu’il serait possible de créer d’étonnantes recettes de tisanes et de soupers variés.

Naufrage au cœur d’une oasis anonyme.

Tout au nord de la métropole Lilloise, collée à la frontière Belge et partagée entre les communes française Wervicq-sud et Bousbecque, se trouve une petite île au milieu de la Lys qui a attiré notre attention. D’environ 800 mètres de longueur pour une largeur maximal de 60 mètres, sa superficie est de 45km2. Pour accéder au lieu, il faut emprunter un pont qui relie Wervicq-sud en France à Wervik en Belgique, puis longer le quai de l’agglomération jusqu’à atteindre un ponton, cette fois-ci à peine visible, qui nous ramène sans même le mentionner en France, à Wervicq-sud. 500 mètres plus à l’est de l’île se trouve alors un secteur du lieu appartenant conséquemment à la commune française de Bousbecque.

Cette île en retrait ne possédant ni nom ni usage réunit de nombreuses caractéristiques constituantes d’un cold spot. Premièrement, il est difficile de savoir qui est responsable de sa maintenance, bien qu’il y ai entre autre une plantation de noyer qui devrait avoir un propriétaire. De plus, hormis quelques promeneurs avides de calme et de nature, nous avons constaté que le terrain est peu fréquenté. Pour finir, les seuls infrastructures présentes sont un chemin en béton laissé à l’abandon et des aménagements au bout de l’île empêchant son affaissement, mais aucun projet d’urbanisation ou d’aménagement n’a été engagé concernant l’avenir du lieu.

L’île se présente sous plusieurs angles comme un lieu ambivalent. Pour commencer, sa situation géographique est paradoxale, alors qu’elle appartient à la France il faut passer par la Belgique pour l’atteindre (à moins de s’y rendre par voie fluviale). Ainsi les visiteurs s’y aventurant ignorent de quel côté de la frontière ils se trouvent. En outre, même si le terrain se présente comme un espace naturel, composé d’une grande variété de faune et de flore, c’est en réalité une île artificielle, qui doit sa création à la construction d’un canal ayant pour but d’irriguer les champs voisins. On note aussi, que malgré quelques infrastructures humaines l’entretient du domaine reste succin. D’autre part, malgré sa richesse végétale, peu d’animaux sauvages (hormis les insectes et les oiseaux) habitent le lieu. Un phénomène récurant dû à la monoculture, dont la forêt de noyer est un exemple. D’autre part la définition du lieu est altérée par la présence de nombreuses plantes dont l’origines est étrangère au milieu dans lequel elles ont été implantées. Enfin, d’un point de vue plus subjectif, sur cette île silencieuse et peu peuplée règne une ambiance étrange. Comme en dehors du temps et des espaces, chacun d’entre nous s’est senti tel un naufragé sur une île inconnue.

C’est donc par le prisme de l’ambiguïté que nous avons décidé d’orienter nos recherches. Nous analyserons le cold spot sous trois différents points de vue : d’abord nous étudierons son histoire et de sa situation actuelle, nous relèverons ensuite l’écosystème dont il est constitué, et enfin nous retracerons les flux qui l’entourent.