EMI

Expérimentation, Méthodologie et Innovation

Maker’s browser

Comment fabriquer un scooter électrique ? Tel était notre ambition. En tapant ces mots dans la barre de recherche Google nous avons bien évidemment trouvé une multitude de projets plus ou moins similaires au notre, sur Youtube principalement. Mais la plupart des vidéos visionnées nous ont apporté aucune réponse aux questions que l’on se posait pour notre projet ou bien peu en comparaison au temps passé à fouiller sur internet.  

Il nous est donc apparu nécessaire de faciliter ce genre d’entreprise en proposant un nouveau type de  redistribution du savoir. La problématique est de faciliter l’apprentissage et la compréhension de principes essentiels à la fabrication d’objets DIY et d’ainsi permettre la réalisation de projets plus complexes. La question qui se pose est donc comment organiser les connaissances sur internet pour qu’un internaute soit efficace dans l’appropriation et l’application de ces connaissances à son contexte de travail ?  Mais avant de donner des éléments de réponse à cette question il convient d’expliquer pourquoi elle nous semble pertinente aujourd’hui ?


Il s’agit tout d’abord de rendre moins opaque notre relation à la technique et aux objets qui nous apparaissent de plus en plus comme des boîtes noires et donc reprendre la main sur ces techniques pour ne pas en devenir les esclaves. Cette conséquence de l’automatisation n’est pas un phénomène récent, comme le soulignait dès 1968 le philosophe Jean Baudrillard dans Le système des objets, il déresponsabilise :  « L’automatisme équivaut à une fermeture, à une sorte d’autosuffisance fonctionnelle qui exile l’homme dans l’irresponsabilité du simple spectateur ». On peut citer l’exemple de la voiture électrique tesla totalement lisse et « fermée » qui lorsqu’elle tombera en panne (et cela arrivera fatalement un jour) laissera son conducteur sur le bord de la route sans que celui-ci n’est d’autre choix que d’appeler une dépanneuse. A l’inverse le vélo donne toujours la possibilité au cycliste d’intervenir en cas d’incident. Cela veut donc aussi dire qu’il faudra peut être dans certains cas privilégier des solutions moins avancées technologiquement ou moins complexes mais qu’on pourra s’approprier totalement. Finalement , pourquoi aller acheter son pain en Tesla si un vélo (électrique) le permet ? On remarque avec ces exemples que d’avoir plus d’emprise sur nos objets du quotidien va de pair avec une économie d’énergie et de matière.   Heureusement de plus en plus de personnes prennent conscience de ces enjeux qui vont bientôt devenir des poncifs et on voit émerger plusieurs initiatives de la part de « faiseurs » en tout genre en réponse aux problèmes écologiques (Low-tech lab, l’atelier paysan). Parallèlement à ça, l’explosion des réseaux et du numérique de ces dernières années  a permis à des gens passionnés de partager leurs projets. C’est d’une part ce que prouve l’engouement pour la culture maker (Instructables) mais aussi de nombreuses chaînes Youtube (colinfurze, monsieur bidouille, Incroyables Expériences) qui eux explicitent plus ou moins la fabrication de leurs projets. Tous ces makers, bidouilleurs, bricoleurs, faiseurs et designer ont selon nous un rôle important à jouer nos sociétés futures en tant que passeurs, diffuseurs ou médiateur des techniques et des savoir-faire manuels afin de faciliter l’émergence d’initiatives locales et commencer à construire une société plus résiliente. Ils sont selon nous une des composantes nécessaire pour créer un écosystème équilibré qui ne détruit pas son milieu.   Un des moyens les plus courants jusqu’à présent pour partager ses expériences et/ou son savoir est le tutoriel qui peut très bien marcher à condition que l’on reproduise exactement les mêmes conditions chez nous lorsqu’on veut suivre ce tutoriel. Cela reste parfaitement envisageable pour des projets relativement simples ou alors pour des projets où tous les matériaux sont standardisés et où l’outillage est basique comme dans l’électronique par exemple. Dans le cas où nous nous trouvons dans un contexte singulier le tutoriel reste intéressant puisqu’il peut contenir des informations nécessaires à notre projet cependant il devient subitement inefficace. Il est en effet assez fréquent face à un tutoriel de devoir faire le tri parmi toutes les informations données pour n’en retenir qu’une. Un autre aspect concerne la dispersion des informations qui peut être due au support utilisé comme une vidéo youtube, un forum, une page wikipédia, un mooc … Ou encore la langue, on sait que suivant la langue on a plus ou moins de chance d’avoir accès à telle ou telle information. Notre objectif ne serait donc pas de créer un nouveau site, une nouvelle page ou chaine youtube mais plutôt de proposer une manière de joindre et d’organiser tout ce savoir. Une sorte de meta projet qui rassemble aussi bien des expériences pratiques que des connaissances techniques et théoriques pour aider à la réalisation de n’importe quel projet avec n’importe quels outils et matériaux. Au fur et à mesure qu’une personne réalise un projet il/elle pourrait le documenter à travers tous ses liens et ses recherches en les annotant plutôt que de restituer une recette toute faite. La représentation graphique à la manière d’un mind map nous semble ici intéressante car elle permet d’organiser et de hiérarchiser les connaissances afin que d’autres puissent y avoir directement accès en plus de pouvoir les compléter avec ses propres recherches. Il s’agirait donc d’une encyclopédie participative en ligne, d’un « média outils » qui puisse fédérer plusieurs communautés autour de la passion du faire et faciliter à chacun l’appropriation des objets.

E-BILLY

En réponse à l’envahissement des trottinettes électriques à paris (et surtout à la saturation de deux roues moteurs thermiques, et quatre roues encombrants), nous avons tenté de réaliser notre propre scooter électrique à partir d’éléments de récupérations et d’informations trouvées sur internet.

En relevant ce défi nous nous sommes confrontés à deux enjeux majeurs, l’un purement technico-mécanique, qui suppose une bonne dose de bon sens et une caisse à outils bien fournie, l’autre enjeux était autrement plus compliqué puisqu’il s’agissait d’avoir accès à toutes les connaissances nécessaires pour faire rouler notre scooter avec un moteur électrique. Donc : Quel moteur ? Quelle puissance ? Comment faire varier la vitesse ? De quelles batteries ai-je besoin ? … etc.

Images du projet

Moteur avant et après extraction de la machine à laver

De retour du garage en sauvant un scooter d’une bien triste destinée … et début de la dissection et de l’analyse des possibilités.

Premier tests d’alimentation du moteur. Test de la double alimentation réussi.

Séance de désossage intégral à Herbeville

Scène du crime
… le piston ne sera pas récupérable …

Nettoyage de ce qu’on garde … et récupération d’un plateau d’une vielle bicyclette pour la nouvelle transmission.

« Qu’est ce qu’on garde ? » songent-ils les mains pleines de cambouis

« va falloir être malin »

Quelques semaines plus tard … Victor et Jean se sont mis d’accords sur la peinture 🤩 🤩 🤩

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