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Expérimentation, Méthodologie et Innovation

Du couteau à la colle d’os

Chamalet Jean-Edouard


LA COUTELLERIE

Le couteau est un outils fondamental qui accompagne l’homme depuis ses premiers jours et la coutellerie est le métier d’art correspondant à sa mise en oeuvre par un artisan.

Ce qui définit un couteau c’est sa lame, qui ne doit pas être trop grande et son manche qui permet de protéger son utilisateur de la lame. Cette définition permet d’englober ainsi tous les types de couteaux aux formes et usages aussi diversifiés que spécifiques.

Ainsi l’art de la coutellerie cache sous une apparente simplicité, énormément de variété de formes, mais aussi de matières.

La fabrication d’un couteau standard nécessite seulement quelques étapes simples à identifier. Des artisans et des amateurs s’amusent à fabriquer des couteaux grâce à n’importe quelle pièce de métal qui leur passe sous la main. Ou même, comme ce youtubeur japonnais qui essaye de fabriquer le couteau le plus tranchant possible avec une lame dans des matières extravagantes, pâtes, carton, ou chocolat sur cette vidéo.

En remontant plus profondément la chaîne opératoire on obtient ça:

pdf-chaine-JE-V1

A partir de là Je me suis intéressé à la filière animal et principalement aux os.


La colle d’os

La filière animal est une filière dont les sous-produits pourraient surement mieux être valorisés comme l’a expérimenté Marianne Barrier dans son projet Os(mose).

http://actualite-design-corbusier-de2017a2019.over-blog.com/2019/04/os-mose-ou-comment-recycler-les-carcasses-animales.html

Os(mose), recyclage des déchets issus de carcasses animales par Marianne Barrier

Même si la majorité des os sont incinérés pour la production énergétique, il est possible de les transformer en colle d’os car naturellement riche en collagène. Faisant partie des colles animales, elle a différentes qualités inintéressantes:

-C’est une colle très puissante particulièrement avec le bois et les matières organiques.
-Elle a un temps de prise court et réversible sous l’effet de la chaleur d’un fer à repasser par exemple.
-Il est possible de la préparer avec plus ou moins d’eau et d’additifs comme la colle de peaux ou de ligament; donnant alors des différences de comportement.
-Elle devient dure au séchage.
-Elle a une bonne tolérance aux irrégularités de surface des pièces à coller.
-Elle suit les variations d’hygrométrie du bois.

La colle se réalise selon deux procédés:
Broyé et bouilli:

  • Les os sont réduits en poudre.
  • Puis on ajoute de l’eau et on porte à ébullition pendant douze heures.
  • Le mélange est mis au repos puis soutiré.
  • L’eau est évaporée et la colle est moulée en forme de petites billes solides

Fondu à l’acide:
Cette méthode s’applique à des os de plus grande dimension tels que les os de tête.

  • Les os sont trempés dans un bain d’acide chlorhydrique pendant une dizaine de jours ; ils se dissolvent totalement.
  • Le bain d’acide est remplacé par une solution hypochlorique pendant vingt-quatre heures.
  • Les dernières traces d’acides sont éliminées par lavage à l’eau claire.
  • La matière restante est moulée en forme de petites billes
colle d’os avant utilisation

Pour être utilisée, la colle chaude et les pièces à coller nécessitent d’être chauffées. Pour ce faire, les billes de colle sont fondues au bain marie puis appliquées au pinceau ou directement avec une spatule sur les surfaces à coller.

Colle d’os prête à l’emploi dans son bain marie

Expérimentations

Ne pouvant pas me fournir en colle d’os je me suis donc essayé à la réalisation de ma propre colle avec un OS récupéré d’un ragoût maison.

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Premier test, échec, l’eau s’est évaporé très vite et n’a pas laissé de résidu.
Deuxième test avec plus d’eau. Même résultat.
Troisième test avec un broyage plus fin de l’os.

expérimentation-JE-part-3-min

Tout au long du processus j’ai testé la consistance du liquide dans lequel baignaient les os, jusqu’à son évaporation totale, obtenant le même résultat que précédemment.


Décalage

pistolet à colle d’os

La première idée qui m’est venue avec la colle chaude était d’apporter de la modernité dans son utilisation. En effet la colle d’os est salissante, malodorante, gourmande en place avec son bain marie et nécessite un temps de mise en oeuvre important.

On sait déjà comment la mettre sous forme de granulé, pourquoi ne pas innover en adoptant une forme cylindrique, adaptée au pistolet à colle chaude déjà présent sur le marché?

Plus facile d’usage, il prendrait moins de place, salirait moins, dégagerait moins d’odeur et serait même économe en énergie puisqu’il ne chaufferait que de façon nécessaire et suffisante.

Un autre avantage et l’augmentation de la durée de vie de la colle avant utilisation. En effet dans un bain marie traditionnel, l’ensemble de la colle au sein du contenant est chauffée. Ce qui n’est pas utilisé refroidit, puis on recommence aussi souvent que nécessaire. Cela provoque un assèchement de la colle, qui ne serait pas là sous cette forme.

Un autre avantage est l’augmentation de la durée de vie de la colle avant utilisation. Le cycle de chauffage et refroidissement au bain marie entraîne son assèchement, la forme de bâtonnet permet d’éviter ce problème.

Pistes

Je n’est pas encore pu trouver d’idées concrètes d’autres utilisations de la colle, mais voici donc les pistes que j’ai jusqu’à présent:

AUTO-CICATRISATION

La colle d’os peut ce reliquéfier localement et ce recoller à elle même, pourquoi ne pas utiliser cette capacité pour en faire des objets capables de se réparer facilement?
On pourrait se servir d’une plaque de colle comme d’un martyre de perceuse à colonnes par exemple.

Comme la colle peut être cassante, on pourrait aussi imaginer un objet déstressant sur le même principe que les papiers bulles à crever. Il pourrait s’agir d’un ensemble de tiges ou plaques à casser à la main encapsulés dans une poche souple comme un ballon. Il suffirait de les remettre à neuf en les plongeants dans un bain d’eau chaude.

méta-morphe

Une fois froide la colle d’os se rigidifie, pourrait-on imaginer une forme évolutive selon nos désirs? Par exemple si l’on fabrique une poche plate comme une couette capitonnée remplie de colle d’os liquide, il suffirait de la mettre sur un bol à l’envers pour qu’elle en prenne la forme en refroidissant. On pourrait donc la modeler sur un ensemble d’objets à notre guise ou alors lui donner des postures plus extravagantes en chauffant localement.
La résistance de la colle étant proche de celle de la glace, il ne s’agirait pas d’objet de grande taille, mais plus d’objet de la taille d’une peluche.
On pourrait aussi imaginer la création de joints souples qui se rigidifient et permettent d’adapter une forme plus grande ou plus complexe.

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